Prix selon la destination — Shipping according Location

Europe & Monde = 15,00 €
Europe & Monde + Suivi = €17,00 €
France = 13,50 €
France + Suivi = 15,00 €

 

Jean-Marc Foussat
Synthi AKS, piano, voix & jouets

Sylvain Guérineau
saxophones ténor
& clarinette basse

 

extrait :

 

 

_____________________________________

LA BELLE VIE

Quand la vie a finit de jouer
la mort remet tout en place
La vie s’amuse
la mort fait le ménage
peu importe la poussière qu’elle cache sous le tapis
Il y a tant de belles choses qu’elle oublie

JACQUES PRÉVERT
_____________________________________


Rustiques

Jean-Marc Foussat : Synti AKS-jouets & Sylvain Guérineau : ts-bcl

Fou Records / Les Allumés du Jazz

Date de sortie : 09/04/2023

Jean-Marc Foussat, lui aussi, est un illustre inconnu au sein du Dictionnaire du Jazz. Ingénieur du son ayant collecté un nombre incalculable de concerts, musicien-improvisateur trainant son antique synthétiseur AKS aux quatre coins de l’hexagone et, aujourd’hui, "directeur" de Fou Records, essentiel label quant au témoignage de la chose improvisée européenne, on explique mal son absence. 

Ici, l’étrangeté de l’AKS  (ne parlons surtout pas d’habillage sonique) sait parfaitement s’accorder avec les phrasés du saxophoniste. C’est encore plus évident quand Sylvain Guérineau souffle dans sa clarinette basse et que les deux instruments s’entichent de fréquences basses avant de s’entortiller et de se contorsionner puis  d’arpenter de vastes et amples contrées. Maintenant, le saxophoniste étire la note tandis que le claviériste impose un leitmotiv obsédant aux multiples ramifications. Nullement troublé, solide comme un roc, Guérineau suit son chemin qui est celui d’un jazz pouvant s’acoquiner à toutes les sauces. Mais l’on parlera plutôt d’un banquet royal tant se multiplient et se croisent les effets, les textures, les intensités, les contraires, les connivences, les confidences. Et les émotions, tiens pardi !  

Luc BOUQUET

_____________________________________

PS : cède Dictionnaire du Jazz. Excellent état. Très peu servi.

Rustiques Jean-Marc Foussat Sylvain Guérineau FOU Records FR-CD 49
https://fourecords.com/FR-CD49


Enregistré à la maison en novembre 2022 dans le Loiret, cette curieuse petite rivière régionale qui donne son nom au département dont le chef-lieu est Orléans, la ville où officia Albert Ayler, alors jeune milicien U.S. inconnu, voici un beau témoignage de dialogue entre deux incarnations distinctives du jazz libre et des musiques improvisées. D’une part un créateur de musique électronique « analogique », Jean-Marc Foussat crédité ici Synthi AKS, piano, jouets et voix et de l’autre un souffleur free au très beau timbre très inspiré par la tradition du jazz entre Coleman Hawkins, Don Byas et un sens mélodique issu de Coltrane, Sylvain Guérineau, lequel initie l’album avec Une Belle Volée à la clarinette basse alors que son instrument habituel est le saxophone ténor. Solidement campé chacun dans leurs univers musicaux respectifs très contrastés, les deux improvisateurs se complètent par la tangente et œuvrent de concert par la grâce de leur sensibilité. La technique d’enregistrement est de qualité supérieure tant pour le timbre majestueux du saxophone ténor de Guérineau que pour la dynamique et les timbres de l’électronique, que celle-ci vrombisse, murmure, scintille, glisse, grésille ou dérape en crissant. Musiques de moteurs discrets à tous les régimes, spécialement le registre intime pour ce bel enregistrement. Flottant comme sur un nuage de timbres électriques mouvants, soutenus dans un temps arythmique, la superbe sonorité de Sylvain Guérineau vibre, respire et hante la demeure avec ses improvisations mélodiques chaleureuses au départ d’une forme thématique sortie tout droit de la Great Black Music et du lexique commun des souffleurs afro-américains. Sa faconde se précise et s’enhardit au fil des six morceaux (aux alentours des 6 ou 7 minutes avec une pointe vers les onze minutes) jusqu’à ce que Jean – Marc Foussat tâte du piano bastringue en secouant les touches. Nombre de théoriciens de l’improvisation (souvent issus de conservatoires ou de cénacles musidéologiques un peu rigides) se gaussent de telles entreprises un tant soit peu (trop) hybrides. Mais l’écoute active et portée sur le plaisir de la découverte sans idées toutes faites d’un tel duo fait dire à nos sens et à notre imaginaire ô combien cette collaboration tient la route. Tout comme Derek Bailey avait en son temps enregistré en duo avec le clarinettiste de jazz contemporain Tony Coe – le mariage de la carpe et du lapin- , Sylvain et Jean-Marc démontrent par la pratique que l’improvisation libre ne répond à aucune définition, aucun présupposé, ou quelconque agenda, cahier de charges etc...et que le dialogue et une forme tangentielle d’interactivité se nourrissent non seulement de l’écoute mutuelle, mais surtout de l’imagination, du sensible et de l’imaginaire des musiciens et de leurs auditeurs. Une question d’ouverture.
Après que les quatre premiers morceaux aient défilé suavement ou avec une belle passion, le cinquième , Carpes et Grondins, s’affirme comme le moment orageux de l’album avant le retour de la précieuse clarinette basse dans l’Ange Dérangé, face aux bruissements étranges, pépiements d’une singulière ménagerie à-la-Foussat et une curieuse voix. Dans Carpes et Grondins, Guérineau évoque le drame et presse l’électronique décapante avec de subtils accents et intonations dramatiques où gronde une saine colère ou peut être l’angoisse des innocents face au délire, en déconnectant l’imbrication mélodique de son phrasé sans pour autant déraper. L’art du déséquilibre assumé. Cet album est aussi un des plus beaux exemples de la part sensible du travail de Jean-Marc Foussat.

Inclus dans la pochette , un poème de Jacques Prévert :

LA BELLE VIE

Quand la vie a fini de jouer
la mort remet tout en place
La vie s’amuse
la mort fait le ménage
peu importe la poussière qu’elle cache sous le tapis
Il y a tant de belles choses qu’elle oublie

JACQUES PRÉVERT