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Là-bas. Dans ce monde ultra policé, où l’extrême inter-connexion des êtres suit les règles d'un même projet voulu global : aller (tous) par ici, écouter (tous) ça, aimer (tous) ceci, penser (tous) cela... parler d'instinct est quelque peu anachronique. La musique de Camarasa et Foussat a ceci d'essentiel qu'elle ne suit pas une partition, ne propose pas de discours pré-mâché. A y écouter de plus près, c'est même un peu plus qu'une musique, c'est une sorte de paysage chimérique, aux dimensions multiples, à la topographie mouvante. Par une utilisation spécifique de leurs instruments, ils provoquent, ils génèrent des sonorités qui viennent mystifier notre esprit. Il faut écouter. Ils parlent une langue qui ne s'écrit pas. Une langue vivante. Une langue synesthésique. Entendre l'eau couler sous forme de pluie, de torrents, entendre le vent, le feu. Sentir le souffle de quelque Golem sur sa nuque, la caresse évanescente d'un voile irisé dans le vent, s'écorcher sur des arêtes effilées... Ces images provoquées par cette musique sont le fruit d'une illusion. Notre cerveau est désorienté, liquide. Seul le cervelet nous commande, les sens en alerte, l'oreille tendue, prêt à lutter ou à fuir. Comme avant, comme quand on savait l'imagination capable de pouvoir. On ferme les yeux et on écoute ce que notre instinct nous dicte. Soudain, il pleut dans ma tête. Je suis arrivé. Matthieu Jouan |
Xavier Camarasa : piano |
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Jean-Marc Foussat (keyb, elec, fx, voc) Xavier Camarasa (p, objets)
Label / Distribution : FOU Records
Les lignes droites sont certes les chemins les plus courts entre un point et un autre. Mais il arrive qu’on s’y ennuie : l’horizon est monotone et sans surprise. Dans les courbes, on s’amuse davantage. Le paysage est changeant, le trajet est irrésolu, la surprise se cache au détour du moindre obstacle. Dans les courbes, des artistes peuvent s’installer et nous surprendre. Dans les courbes, il y a la place pour construire des mondes. Xavier Camarasa au piano et Jean-Marc Foussat, avec les vieux circuits imprimés du Synthi AKS, ne s’en privent pas. En deux morceaux d’une vingtaine de minutes, pour leur première rencontre, le pianiste du MilesDavisQuintet ! et l’âme du label Fou Records nous plongent dans une dimension où le contraste est le maître mot.
Un univers entier naît de chaque faille, entre les friselis du silence, à peine troublé par la voix que l’électronique travaille comme un fil d’étain à la flamme, et les soudaines stridences. Ces dernières sont ascendantes, gonflent comme une vague à l’image d’une bouffée d’angoisse. « L’immensité des instincts » n’a jamais aussi bien été nommée. Il y a, dans l’échange entre un piano aux trajectoires versatiles et les fulgurances d’un indocile maître du son, quelque chose d’imprévisible, d’instantané qui offre ce mouvement perpétuel et nerveux, ce qui-vive permanent qui peut parfois faire place à la sauvagerie. L’instinct a toujours raison, même lorsqu’il laisse place à l’impulsivité la plus brute. Elle ne tolère pas de scénario pré-établi ni de posture et ne craint pas de se faire submerger par le raz-de-marée oppressant de « Là-bas tout n’est qu’eau… », alors que les basses étouffées du piano suggèrent un tsunami aussi puissant qu’inéluctable.
Dans un précédent album de Fou Records en duo avec Henri Roger, Foussat nous parlait de Géographie des Transitoires. Avec Camarasa, nous sommes à nouveau dans une forme de topographie, d’une approche physique des reliefs alentour. Dans les courbes s’éveille un monde trépidant qui s’ouvre devant nous. Il franchit de nombreuses crêtes escarpées, à commencer par celle de l’immédiateté. Notre ami Matthieu Jouan le détaille très précisément dans ses notes de pochette : Jean-Marc Foussat et Xavier Camarasa jouent une musique qui se moque des convenances et s’attache aux Éléments, ceux qui transforment définitivement l’environnement et dessinent les lacets et les circonvolutions de ce fleuve nourricier qu’est l’improvisation. Dans les courbes, l’important est de ne pas trop accélérer, au risque de sortir de la route. Ce disque est une force centrifuge. Il reste collé à la meilleure trajectoire, qu’importe la vitesse.