Quatre titres dans cet album, deux « Nature » (« morte » et « live ») et symétriquement deux « Still ». Mais seule une pièce est extraite d’un concert (« Still Live »), les trois autres sont en appartement.
Le groupe comprend une joueuse de vielle à roue, instrument qui a connu une résurgence surprenante dans la musique improvisée, alors qu’il n’avait pas fait les riches heures du jazz, du moins à ma connaissance.
Emmanuelle Parrenin apporte plutôt une certaine continuité, parfois doublée par la voix, des chants d’un folklore inventé, des mélopées hypnotiques, un bel canto improbable, une atmosphère propice au mystère, à l’errance onirique, au recueillement.
Le registre du trombone de Christiane Bopp est tout autre, presque son contraire. Il nous réjouit de souffles en rafales percutantes, de mitrailles de chocs metal-metal, de fouilles gourmandes des graves, de surprenantes notes voisées, de sons doublés, troublés, de réminiscences curieuses d’un cor de chasse, d’épanouissement d’un son si particulier qui fait le bonheur depuis des lustres de ceux qui ont été touchés par la grâce de ce curieux tuyau.
Naturellement, l’AKS de Jean-Marc Foussat brasse un large spectre. Il s’amuse parfois à tutoyer les deux autres instruments, pour notre plus grande confusion. De plus, il convoque une part de l’histoire de la musique électronique : c’est aussi son sein nourricier. Des brouillards de notes, des ruissellements électroniques, des sonorités lointaines, sa voix transformée en de lents vols. Il y ajoute les résonances de sa guimbarde distribuées à droite et à gauche.
Ce trio diffuse des atmosphères incertaines; il projette l’improbable; il convoque notre perception des éléments pour faire de nous des facteurs de rêves.
On retrouve le vieux dilemme de certaines musiques innovantes, posé en particulier lors d’un concert « à l’improviste » de Hubbub : voir les musiciens ou les laisser jouer derrière un rideau, identifier l’origine des sons ou rester dans une incertitude aux saveurs délicates.
L’album nous régale de ce second aspect ... et la vidéo suivante, du premier. Elle est due à l’infatigable Annie Zivkovic.
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