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JAC BERROCAL, BOÎTE BOÎTE - AKUPHONE, EP, AKULP1049 — 2023
CATALOGUE, ASSASSINS - FOU RECORDS, CD, FR-CD 64 — 2024
SPARKLING SESSIONS - COPENHAGEN - FOU RECORDS, CD, FR-CD 60 — 2024
Nous avons tous, sur une étagère ou dans notre tête, une boîte à souvenirs. Parfois on l'ouvre pour y ajouter quelque bibelot ou idée, et I'on s'attarde à prendre en main certaines reliques, certaines images, furtivement ou de manière plus prolongée, à méditer dessus, à se remémorer ces traces du passé (souvenirs, souvenirs).
C'est un peu ce que nous propose ici Jac Berrocal dans ce dernier (et court) recueil, dont l'intitulé rappelle un autre recueil au titre double , Hôtel Hôtel.
Bribes du passé, parfois assez lointaines, tel « R.A.S. » ou « Fruh in Berlin », voix, sons captés incidemment à Minsk, Riga, Chisinau ou Fürstentum (« Goum, goum, goum », « Ambasssade d’Angle »), empruntés à un opus précédent (« Aristocrates »), ou tirés de la bande-son d'un film (« Inca d'enfance »). Boîte Boîte à souvenirs, complétée par des pépites plus contemporaines, inédites, parfois délicieusement égrillardes (principalement « Amarena »). Un écrin précieux de délires sonores hétéroclites et passionnants.
Berrocal fut aussi membre de Catalogue, en compagnie de Jean-François Pauvros et Gilbert Artman. Cet Assassins, dont on ne sait d'où viennent les coups, et dont on n'a même pas le souvenir du moment où ils nous ont été assénés (dans les années 80 sans doute, à moins que ce soit en 2007 ou 2008, au moment où il sortait de son réveil à Bruxelles*), nous cogne en trois uppercuts particulièrement sauvages qui pénètrent dans nos chairs et provoquent une insomnie** durable : ils sont meurtriers.
Plus récent, un témoignage d'une petite virée en 2020 au Danemark pour le festival Sparkling Sound, qui a conduit Jac Berrocal et Vincent Epplay à jouer avec des vétérans de la scène danoise (mais devrions-nous dire de la scène espagnole voire catalane, puisque leur expression discographique, en 1990, On Waste Ave-Nude, fut éditée par le label espagnol G3G), Tzarina Q Cut, dont le claviériste/saxophoniste Jakob Draminsky Hojmark fut souvent présent dans les enregistrements du Franco-Catalan Pascal Comelade. Cette rencontre se décline en deux temps, avec dans sa seconde manifestation une formule en sextet (septet en fait), Jakob Draminsky Hojmark troquant ses claviers à Per Buhl Acs contre un sonic snare, rejoint par deux vocalistes, la performeuse Tanja Schlandet et la jazzwonan Randi Pontoppidan. Et effectivement cela pétille, mais pas comme un soda édulcoré du type hard seltzer,l’ivresse est revendiquée. L’auditeur plonge dans un délire synthétique assourdissant, notamment lors de la prestation du 9 octobre avec ses voix hallucinées.
* Catalogue, Bruxelles Live,Metaphon, 2010.
** Catalogue, Insomnie,Blue Silver, 1987
Pierre DURR
Revue & Corrigée n° 140