Europe & Monde = 15,00 €
Europe & Monde + Suivi = 17,00 €
France = 13,50 €
France + Suivi = 15,00 €

 

 

Sophie Agnel
piano

Kristoff K. Roll
J-Kristoff Camps
& Carole Rieussec
dispositifs électroniques

Daunik Lazro
saxophone baryton

 

extraits :

AU DÉPART C’EST UNE PHOTO
L'HIVER SERA CHAUD

 

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Quartet un peu tendre Sophie Agnel Kristoff K. Roll (Carole Rieussec & J-Kristoff Camps) Daunik Lazro. Fou Records FR-CD 63.
https://fourecords.com/FR-CD63.htm

Sophie Agnel, Piano, Daunik Lazro, Sax baryton et Kristoff K.Roll, dispositif électro-acoustique. Voilà bien un album de musique improvisée bruitiste, introspectif, focalisé sur le sonore où les instruments acoustiques et les sons produits par les machines s’agrègent distinctement, coexistent avec lisibilité sans se dissocier, interagissent pour ensuite s’interpénétrer. Daunik Lazro fait à la fois gronder, s’écrier et se déchirer la vibration de la colonne d’air. La paire K.K.R. émet des voix, des bruissements électrisés, des bruits gris, bleus ou blancs, des crachotements radio alors que Sophie Agnel titille les touches de son clavier, percute les cordes bloquées, griffe les torsades du câble tendu à outrance, la table d’harmonie gémit, le sax murmure dans les graves laissant osciller une harmonique mourante. Oscillations des cordes graves sous le battement isochrone délicat des marteaux en decrescendo alors que des sifflements s’échappent et s’éloignent. Duo à petites touches hésitantes piano – baryton suave invitant KKR à hululer dans le lointain. Invocation évocation éthérée de Daunik... parasitages, la musique s’éteint comme par enchantement…etc.. Une musique no man’s land. Au départ c’est une photo, 31’’ enregistrées le 14 décembre 2020 au Carreau du Temple à Paris. Leur longue improvisation semble s’inscrire en nous en un éclair comme si tout allait vite alors que leur musique est désespérément lente. Dans ce registre sonore, on atteint aussi rarement l’étrange, le divinatoire, l’inédit, le familier tout à la fois.
Remarque : Sophie Agnel avait enregistré un album avec Lionel Marchetti et Jérôme Nottinger à l'époque lointaine du label Potlatch : Rouge Gris Bruit (2001) et plus récemment Marguerite d'Or Pâle avec Daunik Lazro chez Fou Records. Daunik Lazro et Kristoff K.Roll s'étaient commis dans Chants du Milieu (Creative Sources 2009). Ces démarches sont prémonitoires du présent enregistrement qui en cumule et en accumule les mystères et les audaces.
L’hiver sera chaud soit quarante minutes et plus à Athénor-CNCM à St Nazaire. Des voix hèlent dans une manifestation « L’hiver sera chaud ». On est en rue et il est question de misère et de colère. Une voix s’exprime dans une langue inconnue, une foule s’encourt… La voix du sax baryton s’élève, les touches du piano sont écrasées, des voix mugissent, la musique murmure, l’écho des rues s’intègre au souffle grinçant du sax baryton,à l’électro-acoustique qui crachote, des notes de piano sont égrenées sur la harpe. Une musique étrange de sons et de silences, de voix sous le boisseau, de grincements d’harmoniques et de graves de la colonne d’air du sax, d’incursions bruitistes dans la caisse du piano et sur les clés, de bruits sourds… indéfinis. Une montée en puissance sonore et des changements de registres, effets percussifs électriques, ressac électro-acoustique, martèlement lointain des touches du piano, changements de paysages, introspection, exploration, bruissements. La métamorphose des sons musicaux, des bruits interpénétrés et des murmures font ressentir l’écoulement ralenti de la durée comme si nous allions y passer la nuit. Ça vente, ça grince. Une consubstantialité s'établit entre leurs pratiques d'apparence divergentes. Les deux instruments sont entourés de la magie des éléments, vents, souffles, murmures, grésillements électro-acoustiques du tandem KKR telle une nature sauvage, le bruit d’une ville détruite. Quand vient poindre le son fragile du sax baryton sur la pointe des pieds et la frappe de graves du piano où s’engouffre un sourd ostinato électronique, une dimension onirique, rétive et folle éclot. Une voix latino-américaine surgit et s’efface dans le bruit blanc, le sax appelle un instant. Le poème sonore s’éternise, l’écoute se focalise sur des détails infimes… la ligne de force s’échappe, s’évanouit… Le sax baryton mugit en arc-boutant ses harmoniques sifflantes, tout autour le reste se volatilise, s’éclate, le piano martelé, l’électro-acoustique ronfle et siffle, elle strie les fréquences…
On aboutit peu à peu dans ce temps long à un sentiment d’insécurité, à une remise en question radicale qui fait écho à celui du trio LDL de In the endless wind. Ces deux albums,Quartet un peu tendre et In the endless wind, une fois mis côte à côte et écoutés l’un à la suite de l’autre et vice et versa, visent l'inédit, l'essence de la recherche sonore, l'intersection réitérée de l'indéfini et de l'infini.

J-M Van Schouwburg
22 mai 2024

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SOPHIE AGNEL, KRISTOFF K. ROLL & DAUNIK LAZRO
QUARTET UN PEU TENDRE
FOU RECORDS - FR-CD 63

D'emblée nous sommes dans les mots, à propos d'une photo, d'une femme qui crie.
La voix est celle d'un homme et le ton, celui du constat.
La concentration est palpable.
On imagine les corps penchés au-dessus de l'ouvrage.
Au-delà du texte, un saxophone trace une ligne attentive au grondement sourd des machines, un piano égrène la brièveté de notes étouffées, un cri soudain brise l'immobilité de l'instant…
Cinquante secondes ont passé et, déjà, l'engagement du quartet a soumis notre écoute à l'exigence de ses enjeux.
Dès leur retour d'Afrique, en 2001, les Kristoff K. Roll - comme Godard disait "Les Straub" - avaient invité Daunik Lazro pour l'enregistrement du "Petit bruit d'à côté du bord du Monde", un double album réalisé par des artistes mécanos dont le regard m'évoquait l'aspect documentaire et la poésie de Chris Marker.
L'expérience avait dû se révéler positive puisque, huit ans plus tard, le trio récidivait avec "Chants du milieu".
Le saxophoniste, pour sa part, conviait Sophie Agnel en 2007 au sein de Qwat Neum Sixx, avec Michael Nick et Jérôme Noetinger, puis, dès l'année suivante, rejoignait le duo qu'elle formait avec Olivier Benoît pour graver "Gargorium", dont le vinyle vient de paraître chez Fou Records.
Les deux ami·e·s se croiseraient de nouveau en 2016 pour une tournée en Russie au cours de laquelle ils cultiveraient une bien belle "Marguerite d'or pâle".
Quant à la pianiste, si elle n'a jamais, à ma connaissance, franchi les portes d'un studio avec Carole Rieussec ou Jean-Christophe Camps, elle a, depuis trente ans, côtoyé assez de dispositifs électroacoustiques pour se sentir aussi à l'aise en leur présence que devant l'ivoire, l'ébène et l'acier de son propre instrument.

Deux pièces composent le présent album : "Au départ c'est une photo", saisie A l'Improviste en décembre 2020, au Carré du Temple, à Paris, et "L'Hiver sera chaud", captée un an plus tard à l'Athénor de Saint-Nazaire.
En dépit de leurs notables différences, ces deux improvisations participent de la même esthétique et délivrent un son d'ensemble à la fois unique et disparate.
C'est sans doute cet aspect composite, pétri du désir et de la personnalité de chacun mais uni en un seul et même propos, qui détermine le caractère si particulier de cette musique.
La diversité des matières se laisse bientôt oublier et, pourtant, chaque son conserve son identité.
L'acier griffé par les ongles de Sophie Agnel, les notes perlées au bout de ses doigts sont parfaitement identifiables, mais leur intensité résonne également dans les craquements et les chuintements de l'électronique.
Le baryton de Daunik Lazro rugit dans les mêmes rues que les manifestants interceptés par les machines.
Le froissement métallique saisi par le micro de Carole Rieussec pourrait jaillir du cadre du piano.
On ne sait plus à qui attribuer ces feulements organiques, ces accents cuivrés ou la majesté symphonique de ces accords étirés comme le vent dans les tuyaux d'un orgue.
Alors on s'abstrait de ces vains repérages pour s'abandonner au seul plaisir d'une étrange proximité.
La tendresse se fait rare par les temps qui courent…
En d'autres termes, il faut être sacrément culoté pour oser un tel intitulé !
A moins, peut-être, que cette unité attentive à l'identité suggère une forme de respect capable de réchauffer l'âme quand la différence est à ce point malmenée qu'il faut intégrer un modèle si l'on veut subsister.
C'est ce que nous révèlent ce cuivre incandescent, le train furieux de l'électronique, la course effrénée des doigts sur le clavier et les manifestants qui battent le pavé : quand la violence est au pouvoir, c'est la tendresse qui descend dans la rue.

Joël Pagier
in Revue & Corrigée n° 140

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Sophie Agnel/ Kristoff K. Roll/ Daunik Lazro Quartet un peu tendre (FR-CD 63).
Sophie Agnel : piano, Daunik Lazro : saxophone baryton et Carole Rieussec & J-Kristoff Camps (sous le nom de Kristoff K.Roll) - instruments électroacoustiques.
Enregistré dans deux lieux différents en France - décembre 2020 (piste 1), novembre 2021 (piste 2).
72 minutes au total.

Pour écouter Quartet, il convient de commencer par un examen attentif de la pochette de l'album, et surtout des deux vastes tables sur lesquelles roulent les instruments électro-acoustiques du duo, Kristoff K., des objets usuels, des instruments acoustiques, des ordinateurs portables et des câbles. Le piano et le saxophone baryton complètent cette infinité de possibilités sonores. Les artistes nous servent deux longues histoires qui semblent être des improvisations ... bien planifiées. Chacune d'entre elles possède une dramaturgie distincte - la première semble être une contemplation théâtrale avec une voix off étudiée, la seconde un manifeste politique nerveux, où l'action succède à l'action, et où un chœur de manifestants échantillonné ajoute de manière répétée un contenu (peut-être) important. Mais avant tout, concentrons-nous sur les sons musicaux, qui forment un cosmos infini tout au long des soixante-dix minutes et plus de l'album.
La performance commence par la voix d'une voix off, autour de laquelle règnent des parcelles d'acoustique et un murmure polyrythmique provenant de tables remplies de merveilles sonores. La narration, bien que se déroulant à un rythme loin d'être majestueux, semble pleine d'événements - le travail silencieux d'un piano préparé et d'un baryton, un filet d'électroacoustique déroutant et intriguant et des voix, masculines et féminines. L'absence d'évidence de cette improvisation contrôlée n'incite pas à situer l'action du quatuor dans un cadre esthétique. La narration semble totalement maîtrisée, même si, à plusieurs reprises, des phonèmes arrivent et nous surprennent. D'un côté, il y a une certaine retenue dramatique - après tout, il vaut mieux riffer moins que surjouer une phrase ; de l'autre, il y a un accord pour des touches de bravade, surtout de la part du duo d'échantillonnage. Les deux instruments acoustiques jouent bien dans ce melting-pot d'événements. Ils ne poussent pas l'émotion, ils sont exactement là où ils doivent être pour maintenir l'émotion de l'histoire. Le chroniqueur ne peut s'empêcher de noter des moments particulièrement intéressants dans l'histoire, qui dure un peu plus de deux quarts d'heure. À la 9e minute, nous entendons un passage intéressant de pulsations de synthétiseur de basse, vers la 17e minute, de beaux bourdons de saxophone recouverts de poussière électroacoustique, et peu après, une courte phase post-acoustique réalisée uniquement à partir des tables. À partir de la 24e minute, en revanche, le quatuor tombe dans un sommeil post-mélodique, faisant une promenade somnambulique dans la nature sauvage du son. Dans les dernières minutes de l'histoire, la mélodie Love de Cotrane est prise dans un enchevêtrement électroacoustique. Son final s'avère être un point culminant très compulsif, après lequel l'ambient meurt pour de bon.
La deuxième histoire dure plus de 40 minutes, mais commence dans le calme de la phonation ambiante, des voix d'adultes et d'enfants, des murmures, des conversations chargées d'émotion, peut-être menées sur des sujets importants. Les sons des instruments vivants semblent rester à l'écart, figés face aux phrases échantillonnées de la réalité inconnue de la rue. On a l'impression que certaines phrases de saxophone et de piano ont été traitées électroniquement. Après la septième minute, des incidents plus importants commencent à apparaître dans la structure de l'histoire et l'ensemble prend une tournure dramatique. D'un côté, des mélodies de synthé, de l'autre, des phrases saccadées et brisées d'instruments acoustiques, des accents de percussion et des plages de synthétiseur de basse. L'histoire ondule, mais se refroidit rarement au niveau d'un silence ronronnant. Les artistes se chargent des émotions, en nous donnant constamment les sons d'une manifestation de rue - cris, grincements, conversations bruyantes. Vers 15 minutes, le saxophoniste devient plus actif. Ici, il pare les taches de phoniques variées. Les sons intérieurs de piano et les taches colorées d'ambiance ne manquent pas. À la vingtième minute, nous entrons dans un tourbillon de râles et de murmures électroacoustiques, auxquels s'ajoute un flux debaryton dansant. D'un côté, le chant des cuivres, de l'autre, la réalité inquiétante de l'extérieur de la fenêtre. L'histoire grimpe jusqu'au sommet, puis s'éteint dans le silence. Et ainsi de suite presque jusqu'à la fin - l'histoire semble se diviser en épisodes marqués par de courtes périodes de froid. Là encore, beaucoup repose sur les épaules du saxophoniste, qui, vers la trentième minute, amène le récit à un point d'ébullition proche du free jazz. Tout hurle, palpite, suinte du rythme intérieur, jusqu'à mourir dans un flot d'eau... qui coule. Le dernier épisode est encore plus émouvant : les couches synthétiques et acoustiques atteignent leur paroxysme. En outre, des phrases verbales échantillonnées sont synthétisées et se transforment en une bande de glitchs électroniques auditivement aigus. Le saxophone et le piano cherchent des phrases dignes de porter le bagage de l'émotion, moribondes dans les convulsions, tandis que le synthé et le post-acoustique meurent tranquillement, figés dans un sentiment de résignation. Une poignée de respirations et de sifflements humains couronnent l'œuvre. On aimerait savoir quel sort a été réservé aux manifestants assoiffés de sang.

Andrzej Nowak
https://spontaneousmusictribune.blogspot.com/2024/07/fou-records-quartet-un-peu-tender.html

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Quartet un peu Tendre

Sophie Agnel (p), Kristoff K. Roll (disp électro-acoustique), Daunik Lazro (bs).

Label / Distribution : Fou Records

Le bourdonnement émis par le saxophone baryton défie les tumultes vocaux générés par les dispositifs électro-acoustiques. Tendre ou détendre, comme s’il s’agissait de régler la peau d’une timbale, ici Daunik Lazro diffuse ses phrasés accolés au hurlements produits par les machines. « Au départ c’est une photo », enregistré au Carreau du Temple à Paris pour l’émission À l’improviste d’Anne Montaron se dévoile et donne à entendre des synchronisations éphémères entre Carole Rieussec et J-Kristoff Camps. Seules les manipulations des cordes du piano par Sophie Agnel déploient des cellules rythmiques qui tendent à souligner les timbres préexistants. L’échantillonnage génère là des vocaux enfantins accolés à une implosion sonore dynamique, par la suite la rapidité avec laquelle les déversements s’exécutent avec les effets électroniques étonnent.

Différents passages entre des spirales aériennes et une profondeur spectrale annoncent splendidement le phrasé de Daunik Lazro, l’artefact conjugué entre les musicien·ne·s prend corps. Le lien commun qui se dessine entre les notes égrenées par la pianiste et le chant altéré du saxophoniste aboutissent à l’exaltation de cette expérimentation.

De nombreux signaux émis par les dispositifs électro-acoustiques forment des interactions fébriles. La montée en puissance se veut progressive, permettant au piano de répandre quelques notes. La dislocation d’une jungle sonore se déverse par l’intermédiaire de l’assemblage électronique dans la partition de « L’hiver sera chaud », enregistré à Saint-Nazaire à l’invitation de Brigitte Lallier-Maisonneuve. La pièce, mue à 21 minutes par l’expressivité du saxophone lancinant et l’interactivité entre les instrumentistes, s’énonce plus fortement avec une libération spontanée à 29 minutes.

Les différents schémas sonores diffusés dans ces deux enregistrements distincts, à la fois composés et improvisés par le quartet, donnent naissance à d’intenses transformations de matériaux et à une expressivité fusionnelle délectable.

par Mario Borroni // Publié le 8 juillet 2024

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Daunik Lazro, Kristoff K Roll, Sophie Agnel: Quartet Un Peu Tendre

By Vito Camarretta(@) - Aug 09 2024 More reviews by Vito Camarretta
Artist: Daunik Lazro, Kristoff K Roll, Sophie Agnel (@)
Title: Quartet Un Peu Tendre
Format: CD
Label: Fou


" Un Peu Tendre" might be the most misleading album title of the year. What at first glance promises a gentle, perhaps even tender exploration of sound, quickly reveals itself as a ferocious assault on conventional musicality. It’s the kind of record that dares you to listen, dares you to find the beauty amidst the chaos, and laughs in your face if you think you've figured it out.

The album features a lineup of avant-garde veterans: Daunik Lazro on baritone saxophone, Sophie Agnel on piano, and the duo Kristoff K. Roll (Carole Rieussec and J-Kristoff Camps) handling electro-acoustic devices. If you’re familiar with these names, you already know that you’re not in for a smooth ride. Lazro, a stalwart of the French free jazz scene, brings his usual brand of bracing, guttural saxophone work that feels as if it’s tearing at the very fabric of sound itself. Agnel, on the other hand, isn’t content to simply "play" the piano — she interrogates it, manipulates it, and ultimately bends it to her will. Meanwhile, Kristoff K. Roll weave a tapestry of unpredictable, often unnerving sounds that challenge your very notion of what constitutes music.

The opening track, “Au Départ C’est Une Photo”, is a sprawling 31-minute odyssey that defies easy categorization. It begins with an eerie quietude—Agnel’s piano notes scatter like raindrops on a tin roof, while Lazro’s saxophone hums ominously in the background. Just when you think you’ve settled into a groove, the electro-acoustic elements creep in, turning the serene into something profoundly unsettling. It’s as if the musicians are constantly at odds with each other, each one vying for control, yet somehow creating a whole that is greater than the sum of its parts.

The second piece, “L’Hiver Sera Chaud”, clocks in at just under 41 minutes and is no less demanding. This is the sound of winter as imagined by a mind teetering on the brink—bleak, cold, but with the occasional burst of unexpected warmth. Lazro’s saxophone work here is especially notable; he conjures sounds that range from the abrasive to the plaintive, all while Agnel’s piano provides a counterpoint that is as dissonant as it is compelling. The electro-acoustic elements by Kristoff K Roll, meanwhile, feel less like an accompaniment and more like an omnipresent force, shaping the entire listening experience in ways that are both subtle and overt.

To say this album isn’t for everyone is an understatement. This is music that demands your full attention, and even then, it’s likely to leave you feeling disoriented and perhaps a little uneasy. But for those willing to engage with it on its own terms, "Quartet Un Peu Tendre" offers a deeply rewarding experience. It’s the musical equivalent of staring into the void—what you find there is entirely up to you.

Comparisons to other avant-garde stalwarts like Anthony Braxton or the electro-acoustic explorations of Luc Ferrari are inevitable, but "Quartet Un Peu Tendre" carves out its own niche in the experimental landscape. It’s an album that, much like the artists involved, refuses to be pigeonholed, constantly shifting and evolving with each listen. Just when you think you’ve got it figured out, it throws another curveball your way, challenging your preconceptions and forcing you to reassess what you thought you knew about music.

In a world where much of what passes for experimental music feels like it’s trying too hard to be different, "Quartet Un Peu Tendre" feels refreshingly genuine in its disregard for convention. It’s not trying to be difficult; it just is. And that, perhaps, is what makes it so compelling.

So, is "Quartet Un Peu Tendre" an easy listen? Absolutely not. But is it worth your time? If you’re willing to dive deep into the world of avant-garde improvisation and let go of your expectations, the answer is a resounding yes. Just don’t say I didn’t warn you.
 

"Quartet Un Peu Tendre" est peut-être le titre d'album le plus trompeur de l'année. Ce qui, à première vue, promet être une exploration douce, peut-être même tendre du son, se révèle rapidement un assaut féroce contre la musicalité conventionnelle. C'est le genre de disque qui vous met votre écoute au défi, qui vous met au défi de trouver la beauté au milieu du chaos, et qui vous rit au nez si vous pensiez l'avoir compris.

L'album réunit des fidèles de l'avant-garde : Daunik Lazro au saxophone baryton, Sophie Agnel au piano, et le duo Kristoff K.Roll (Carole Rieussec et J-Kristoff Camps) aux commandes de dispositifs électro-acoustiques. Si vous connaissez ces noms, vous savez déjà que vous n'êtes pas dans une aventure facile. Lazro, un pilier de la scène free jazz française, apporte sa marque habituelle de saxophone tonique et guttural qui donne l'impression de déchirer le tissu du son lui-même. Agnel, en revanche, ne se contente pas de simplement « jouer » du piano – elle l'interroge, le manipule et finit par le plier à sa volonté. Pendant ce temps, Kristoff K. Roll tisse une tapisserie de sons imprévisibles, souvent troublants et déroutants, qui remettent en question votre notion même de ce qui constitue la musique.

Le morceau d’ouverture, « Au départ c’est une photo », est une odyssée tentaculaire de 31 minutes qui défie toute catégorisation facile. Cela commence dans une étrange quiétude : les notes du piano d’Agnel s’éparpillent comme des gouttes de pluie sur un toit en tôle, tandis que le saxophone de Lazro fredonne de manière inquiétante en arrière-plan. Au moment où l'on pense s'être installé dans un groove, les éléments électro-acoustiques s’immiscent, transformant la sérénité en quelque chose de profondément troublant. C’est comme si les musiciens étaient constamment en désaccord les uns avec les autres, chacun rivalisant pour le contrôle, créant pourtant d’une manière ou d’une autre un tout plus grand que la somme de ses parties.

Le deuxième morceau, « L’hiver sera chaud », dure un peu moins de 41 minutes et n’est pas moins exigeant. C’est le son de l’hiver imaginé par un esprit chancelant au bord du gouffre : sombre, froid, mais avec, à l’occasion, une bouffée de chaleur inattendue. Le travail du saxophone de Lazro est ici particulièrement remarquable ; il évoque des sons allant de l’abrasif au plaintif, tandis que le piano d’Agnel fournit un contrepoint aussi dissonant qu’irrésistible. Les éléments électro-acoustiques de Kristoff K.Roll, quant à eux, sont moins un accompagnement qu'une une force omniprésente, façonnant l'ensemble de l'expérience d'écoute de manière à la fois subtile et évidente.

Dire que cet album n’est pas pour tout le monde est un euphémisme. C’est une musique qui exige toute votre attention, et même dans ce cas, elle risque de vous laisser désorienté et peut-être un peu mal à l’aise. Mais pour ceux qui souhaitent y plonger pleinement, ce "Quartet Un Peu Tendre" offre une expérience profondément enrichissante. C’est l’équivalent musical de la contemplation du vide : ce que vous y trouvez dépend entièrement de vous.

Les comparaisons avec d'autres piliers de l'avant-garde comme Anthony Braxton ou les explorations électro-acoustiques de Luc Ferrari sont inévitables, néanmoins "Quartet Un Peu Tendre" se taille sa propre place dans le paysage expérimental. C’est un album qui, tout comme les artistes impliqués, refuse d’être catalogué, changeant et évoluant constamment à chaque écoute. Juste au moment où vous pensiez avoir compris, il vous projette dans une autre direction, remettant en question vos idées et vous obligeant à réévaluer ce que vous pensiez savoir sur la musique.

Dans un monde où une grande partie de ce qui se présente comme de la musique expérimentale donne l'impression qu’on se force un peu trop à chercher à être différent, "Quartet Un Peu Tendre" semble d'une authenticité rafraîchissante par son mépris des conventions. Il n’essaye pas d’être énigmatique ; il l’est. Et c’est peut-être ce qui le rend si irrésistible.
Alors, "Quartet Un Peu Tendre" est-il d'une écoute facile ? Absolument pas. Mais est-ce que cela vaut la peine ? Si vous êtes prêt à plonger profondément dans le monde de l’improvisation d’avant-garde et à passer outre vos attentes, la réponse est un oui catégorique. Mais ne dites pas que je ne vous avais pas prévenu.


Daunik Lazro, Kristoff K Roll, Sophie Agnel: Quartet Un Peu Tendre (FR-CD 63)

By Andrzej Nowak Pologne, mardi 9 juillet 2024
Sophie Agnel : piano, Daunik Lazro : saxophone baryton, et Carole Rieussec & J-Kristoff Camps (sous le nom de Kristoff K.Roll) : instruments électroacoustiques
Enregistré dans deux lieux différents en France - décembre 2020 (piste 1), novembre 2021 (piste 2).
72 minutes au total
Label: Fou


   Ods?uch Kwartetu warto rozpocz?? od dok?adnej lustracji ok?adki albumu, a szczególnie dwóch rozleg?ych sto?ów, na których posadowione zosta?o elektroakustyczne instrumentarium, jakim operuje duet o nazwie w?asnej Kristoff K.Roll – przedmioty codziennego u?ytku, akustyczne instrumenty, laptopy i kable. Ów bezkres d?wi?kowych mo?liwo?ci uzupe?niaj? fortepian i saksofon barytonowy. Arty?ci serwuj? nam dwie d?ugie opowie?ci, które zdaj? si? by? dobrze zaplanowan? … improwizacj?. Ka?da z nich ma odr?bn? dramaturgi? - ta pierwsza sprawia wra?enie teatralnej kontemplacji z wystudiowanym g?osem lektora, ta druga nerwowego manifestu politycznego, gdzie akcja goni akcj?, a wysamplowany chór protestuj?cych raz za razem dosy?a wa?ne (by? mo?e) tre?ci. Nade wszystko skupmy si? jednak na d?wi?kach muzycznych, a tych w trakcie ponad siedemdziesi?ciu minut albumu odnajdujemy nieko?cz?cy si? kosmos.

   Spektakl rozpoczyna g?os lektora, wokó? którego panosz? si? plamy akustyki i polirytmiczny szmer ze sto?ów pe?nych d?wi?kowych cudów. Narracja, cho? toczy si? w dalece majestatycznym tempie, zdaje si? by? pe?na wydarze? - spokojna praca preparowanego piana i barytonu, struga zagadkowej, intryguj?cej elektroakustyki i glosy, zarówno m?skie, jak i damskie. Ponadgatunkowa nieoczywisto?? tej sterowanej improwizacji nie sk?ania do umieszczania akcji kwartetu w jakichkolwiek ramach estetycznych. Narracja wydaje si? w pe?ni kontrolowana, cho? raz za razem docieraj? do nas fonie, które zaskakuj?. Z jednej strony pewna dramaturgiczna wstrzemi??liwo?? – wszak lepiej zgra? mniej ni? przegada? fraz?, z drugiej - zgoda na akcenty brawury, zw?aszcza ze strony duetu sampluj?cego. ?wietnie w tym tyglu zdarze? odnajduj? si? oba instrumenty akustyczne. Nie forsuj? emocji, s? dok?adnie tam, gdzie by? powinny, by emocje opowiadania utrzymywa?y wysoki poziom. Recenzentowi nie pozostaje nic innego, jak odnotowywa? szczególnie ciekawe momenty opowie?ci, która trwa troch? ponad dwa kwadranse. W 9 minucie s?yszymy ciekawy passus basowych, syntetycznych pulsacji, w okolicach 17 minuty pi?kne, saksofonowe drony oblepione elektroakustycznym py?em, a nied?ugo potem krótk? faz? post-akustyki realizowan? wy??cznie ze sto?ów. Z kolei od 24 minuty kwartet wpada w post-melodyjny sen, odbywa somnambuliczny spacer po bezdro?ach d?wi?ków. Ostatnie kilka minut opowie?ci, to melodia Coltrane’a Love, która zostaje wpl?tana w sie? elektroakustycznych zasieków. Jej fina? okazuje si? by? dalece kompulsywn? kulminacj?, po której ambient umiera jako ostatni.

   Druga opowie?? trwa ponad 40 minut, ale zaczyna si? w bezruchu fonii otoczenia, g?osów doros?ych i dzieci, szmerów, rozmów na?adowanych emocjami, by? mo?e prowadzonych na wa?ne tematy. D?wi?ki ?ywych instrumentów zdaj? si? pozostawa? na uboczu, zastyga? w obliczu samplowanych fraz nieznanej rzeczywisto?ci ulicy. Mo?na odnie?? wra?enie, ?e cz??? fraz saksofonu i piana jest tu elektroniczne przetwarzana. Po up?ywie 7 minuty w strukturze opowie?ci zaczynaj? pojawia? si? g?o?niejsze incydenty, a ca?o?? nabiera dramaturgicznych rumie?ców. Z jednej strony syntezatorowe melodie, z drugiej nerwowe, urywane frazy instrumentów akustycznych, akcenty percussion i plamy basowej syntetyki. Opowie?? faluje, ale rzadko wystudza si? do poziomu szumi?cej ciszy. Arty?ci dbaj? o emocje, ca?y czas podsy?aj? nam d?wi?ki ulicznej manifestacji – okrzyki, piski, g?o?ne rozmowy. W okolicach 15 minuty wi?ksz? aktywno?? zg?asza saksofonista. Tu parska oblepiony plamami ró?norodnych fonii. Nie brakuje d?wi?ków inside piano i barwnych plam ambientu.

W 20 minucie dostajemy si? w wir elektroakustycznych zgrzytów i szmerów, doposa?onych w taneczny flow barytonu. Z jednej strony ?piew d?tego, z drugiej z?owroga rzeczywisto?? za oknem. Opowie?? wspina si? na szczyt, po czym ginie w ciszy. I tak dzieje si? niemal do ko?ca – opowie?? zdaje si? dzieli? na epizody wyznaczane krótkimi plamami wystudzenia. Znów du?o spoczywa na barkach saksofonisty, który w okolicach 30 minuty doprowadza narracj? do stanu niemal free jazzowej kipieli. Wszystko teraz krzyczy, pulsuje, syci si? wewn?trznym rytmem, a? umiera wprost w strumie? … lej?cej si? wody. Ostatni epizod niesie jeszcze wi?cej emocji – swoje momenty kulminacji ma tu zarówno warstwa syntetyczna, jak i akustyczna. Do tego samplowane frazy werbalne zostaj? poddane syntetycznej obróbce i staj? si? pasmem dotkliwej fonicznie elektroniki usterkowej. Saksofon i piano szukaj? fraz godnych unie?? baga? emocji, konaj? w konwulsjach, z kolei syntetyka i post-akustyka umieraj? w spokoju, zastygaj? w poczuciu rezygnacji. Gar?? ludzkich oddechów i gwizdów wie?czy dzie?o.

A? chcia?oby si? zapyta?, jaki los spotka? krewkich manifestantów.

Andrzej Nowak

 

   Cela vaut la peine de commencer l'écoute de ce Quartet par un examen attentif de la pochette de l'album, en particulier des deux vastes tables sur lesquelles est placé l'instrumentation électroacoustique utilisée par le duo Kristoff K.Roll : objets du quotidien, instruments acoustiques, ordinateurs portables et câbles. Le piano et le saxophone baryton complètent cette infinité de possibles sonores.
Les artistes nous proposent deux longues pièces, qui semblent être des improvisations … bien menées. Chacune d'elle possède sa propre dramaturgie - la première ressemble à une contemplation théâtrale commentée par une voix off, la seconde un manifeste politique nerveux, où les actions s’enchainent et où un chœur de manifestants échantillonné ajoute régulièrement du sens (peut-être) important.
Mais avant tout, concentrons-nous sur les sonorités musicales, que l’on retrouve dans ce cosmos infini tout au long des soixante-dix minutes et plus de l'album.

   La première pièce commence par la voix d’un narrateur, ponctuée d’éclats d'acoustique et d’un murmure polyrythmique provenant des tables aux merveilles sonores. La musique, bien que se développant à un rythme tranquille, est riche d'événements : le travail calme d'un piano préparé et d'un baryton, un flux d'électroacoustique, et des voix, mystérieuses et intrigantes, tant masculines que féminines. L'absence d'évidence de cette improvisation transgenre ne permet pas de situer ce quartet dans un cadre esthétique répertorié. La narration est totalement maîtrisée, même si, à plusieurs reprises, on entend des sons qui nous surprennent. D'un côté, il y a une certaine retenue dramatique - après tout, il vaut mieux jouer moins que surjouer une phrase ; de l'autre, on accepte des touches d’audace, surtout de la part du duo électroacoustique. Les deux instruments acoustiques s’intègrent parfaitement dans ce melting-pot d’événements sonores. Ils ne surjouent pas l'émotion, ils sont exactement là où ils doivent être pour maintenir le fil émotionnel de l'histoire. Le chroniqueur ne peut s'empêcher de noter des moments particulièrement intéressants de cette pièce, qui dure un peu plus d’une demi-heure. À la 9e minute, nous entendons un passage intéressant de pulsations basses de synthétiseur, vers la 17e minute, de belles tenues de saxophone noyées dans une poussière électroacoustique, et peu après, une courte phrase « post-acoustique » * réalisée par « l’instrumentarium des tables ».À partir de la 24e minute, en revanche, en revanche, le quartet tombe dans une rêverie post-mélodique **, se promenant comme un somnambule dans la nature sauvage du son. Dans les dernières minutes de l'histoire, le thème Love de John Coltrane s'emmêle dans une toile d'araignée électroacoustique. Son final s'avère être un point culminant très compulsif, après lequel l'ambiance meurt pour de bon.

   Le deuxième morceau dure plus de 40 minutes, et commence dans le calme d’une « phonographie » : des voix d'adultes et d'enfants, des murmures, des conversations tendres et émouvantes, peut-être sur des sujets importants. Les sons des instruments acoustiques semblent rester en retrait, figés face à ces « samples » prélevés dans le réel de la rue. On a même l'impression que certaines phrases de saxophone et de piano ont été traitées électroniquement. Après la septième minute, des évènements plus importants commencent à apparaître dans la structure de l'histoire et l'ensemble prend une tournure dramatique. D'un côté, des mélodies de synthé, de l'autre, des phrases nerveuses et saccadées d'instruments acoustiques, des éclats de percussions et des nappes graves de synthétiseur. L'histoire est fluide, mais se calme rarement au point de tomber dans un silence ronronnant. Les artistes derrière leurs tables se chargent des émotions du réel, en nous donnant constamment les sons d'une manifestation de rue : cris, grincements, conversations bruyantes. Vers 15 minutes, le saxophoniste devient plus actif, il projette des taches de sons variées. Les sons de l’intérieur de piano et les éclats colorées d'ambiances ne manquent pas.

À la vingtième minute, nous entrons dans un tourbillon de râles et de murmures électroacoustiques, auxquels s'ajoute un flux de baryton dansant. D'un côté, les instruments chantent, et de l'autre, la réalité inquiétante à l'extérieur de la fenêtre. L'histoire monte vers le sommet, puis s'éteint dans le silence. Et ainsi de suite presque jusqu'à la fin. L'histoire semble se diviser en épisodes alternés à de courtes périodes de calme. A ce moment, beaucoup repose sur les épaules du saxophoniste, qui, vers la trentième minute, amène le récit à un point d'ébullition proche du free jazz. Tout hurle, palpite, est saturé du rythme intérieur, jusqu'à mourir dans une rivière ... qui déborde. Le dernier mouvement est encore plus émouvant : les couches synthétiques et acoustiques atteignent leur paroxysme. De plus, des paroles échantillonnées manipulées par les machines se transforment en une séquence bruitiste de défauts électroniques aigus. Le saxophone et le piano inventent des phrases qui portent dans leur bagages le poids des émotions, puis meurent dans des convulsions, tandis que le synthé et le post-acoustique s’éteignent tranquillement, figés dans un sentiment de résignation. Quelques respirations et sifflements humains couronnent l'œuvre.

On aimerait savoir quel sort a été réservé aux manifestants assoiffés de sang.

d'après Andrzej Nowak traduction Kristoff K.


NdT
* Comprendre : Pas (ou plus) acoustique, mais pas encore synthétique.
** Idem mais pour la mélodie

 

Agnel/Kristoff K.Roll/Lazro : Quartet Un Peu Tendre (FR-CD 63)

Jérusalem, Eyal Hareuveni, 30 Agosto 2024
Percorsi Musicali https://www.percorsimusicali.eu/




Quartet un peu Tendre documents an odd quartet of Lazro on baritone sax, pianist Sophie Agnel and the duo of noise and sound artists Kristoff K Roll - Carole Rieussec and J-Kristoff Camps, both on electronic devices, performing live and in studio in 2020 and 2021. Lazro worked before with Agnel (in a duo, trio and quartet formats) and with Kristoff K Roll (the DVD Horizon Vertical, Hors Oeil Editions, 2011).

The two extended, edited free improvisations feature Agnel exhausting the whole piano - keyboard, strings, and wooden body - and offering sparse melodic and poetic veins or using the instrument as an imaginative percussive sound generator. Lazro wraps her clever touches with patient, ethereal vibrations and Kristoff K Roll introduces tense and mysterious sampled voices and shouts, radio art and dark ambient sounds.

The first piece, the 31-minute “au départ c'est une photo” sketches a cinematic yet free-associative, dreamy and often nightmarish texture that only gets darker and more melancholic as it develops and Lazro’s contemplative baritone sax wails take the lead.

The second piece, the 41-minute “L'hiver sera chaud” (Winter will be warm), begins with protest chants, beautifully transformed into a strange but stimulating, episodic texture that constantly shifts from Agnel’s pounding the piano keys and caressing its strings to Lazro’s spiraling sax wails and soft cries and Kristoff K Roll’s inspired radio art and noisy interventions, and keeps referring to the protest chants as a recurring motif.

On both pieces, you are simply drawn into the suggestive and highly immersive sonic journeys of this resourceful quartet and its rich and imaginative universes.

Eyal Hareuveni

 

  Le CD Quartet un peu Tendre est composé d’enregistrements de concert de 2020 et2021 d’un étrange quatuor composé de Daunik Lazro au saxophone baryton, de la pianiste Sophie Agnel et du duo d'artistes bruitistes et sonores Kristoff K.Roll - Carole Rieussec et J-Kristoff Camps, tous deux sur des dispositifs électroacoustiques. Daunik Lazro a déjà travaillé avec Sophie Agnel (en duo, trio et quartet) et avec Kristoff K.Roll.

Les deux longues improvisations libres présentées montrent Sophie Agnel explorant tout le piano - clavier, cordes et bois de la caisse - et qui ouvre des veines mélodiques et poétiques éparses, ou utilisant l'instrument comme un astucieux générateur de sons percussifs. Patiemment, Daunik Lazro l’enveloppe de ses habiles touches de vibrations éthérées et Kristoff K Roll introduit des voix et des cris échantillonnés, tendus et mystérieux, des ambiances provenant du réel et des atmosphères sonores sombres.

La première pièce, « Au départ c'est une photo », d'une durée de 31 minutes, esquisse une expérience cinématographique de libre association, onirique et souvent cauchemardesque, qui ne fait que s'assombrir et devenir plus mélancolique au fur et à mesure qu'elle se développe et que les lamentations contemplatives du saxophone baryton de Daunik Lazro prennent le dessus.

La seconde pièce, « L'hiver sera chaud », d'une durée de 41 minutes, commence par des chants de manifestation, magnifiquement transformés en une texture saccadée, étrange mais exaltante, qui passe constamment du martèlement des touches du piano et des caresses sur les cordes par Sophie Agnel aux volutes de hurlements et cris doux du saxophone de Daunik Lazro, ainsi qu'à l'art radiophonique inspiré et autres interventions bruyantes des Kristoff K.Roll, qui continuent de faire référence aux slogans de manifestation comme un motif récurrent.

Sur les deux morceaux, on est tout simplement entraîné dans les voyages sonores envoutants et très immersifs de ce quartet inventif et de ses somptueux univers imaginaires.


d'après Eyal Hareuveni, traduction Kristoff K.