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Quartet un peu tendre Sophie Agnel Kristoff K. Roll (Carole Rieussec & J-Kristoff Camps) Daunik Lazro. Fou Records FR-CD 63.J-M Van Schouwburg
22 mai 2024
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SOPHIE AGNEL, KRISTOFF K. ROLL & DAUNIK LAZRO
QUARTET UN PEU TENDRE
FOU RECORDS - FR-CD 63
D'emblée nous sommes dans les mots, à propos d'une photo, d'une femme qui crie.
La voix est celle d'un homme et le ton, celui du constat.
La concentration est palpable.
On imagine les corps penchés au-dessus de l'ouvrage.
Au-delà du texte, un saxophone trace une ligne attentive au grondement sourd des machines, un piano égrène la brièveté de notes étouffées, un cri soudain brise l'immobilité de l'instant…
Cinquante secondes ont passé et, déjà, l'engagement du quartet a soumis notre écoute à l'exigence de ses enjeux.
Dès leur retour d'Afrique, en 2001, les Kristoff K. Roll - comme Godard disait "Les Straub" - avaient invité Daunik Lazro pour l'enregistrement du "Petit bruit d'à côté du bord du Monde", un double album réalisé par des artistes mécanos dont le regard m'évoquait l'aspect documentaire et la poésie de Chris Marker.
L'expérience avait dû se révéler positive puisque, huit ans plus tard, le trio récidivait avec "Chants du milieu".
Le saxophoniste, pour sa part, conviait Sophie Agnel en 2007 au sein de Qwat Neum Sixx, avec Michael Nick et Jérôme Noetinger, puis, dès l'année suivante, rejoignait le duo qu'elle formait avec Olivier Benoît pour graver "Gargorium", dont le vinyle vient de paraître chez Fou Records.
Les deux ami·e·s se croiseraient de nouveau en 2016 pour une tournée en Russie au cours de laquelle ils cultiveraient une bien belle "Marguerite d'or pâle".
Quant à la pianiste, si elle n'a jamais, à ma connaissance, franchi les portes d'un studio avec Carole Rieussec ou Jean-Christophe Camps, elle a, depuis trente ans, côtoyé assez de dispositifs électroacoustiques pour se sentir aussi à l'aise en leur présence que devant l'ivoire, l'ébène et l'acier de son propre instrument.
Deux pièces composent le présent album : "Au départ c'est une photo", saisie A l'Improviste en décembre 2020, au Carré du Temple, à Paris, et "L'Hiver sera chaud", captée un an plus tard à l'Athénor de Saint-Nazaire.
En dépit de leurs notables différences, ces deux improvisations participent de la même esthétique et délivrent un son d'ensemble à la fois unique et disparate.
C'est sans doute cet aspect composite, pétri du désir et de la personnalité de chacun mais uni en un seul et même propos, qui détermine le caractère si particulier de cette musique.
La diversité des matières se laisse bientôt oublier et, pourtant, chaque son conserve son identité.
L'acier griffé par les ongles de Sophie Agnel, les notes perlées au bout de ses doigts sont parfaitement identifiables, mais leur intensité résonne également dans les craquements et les chuintements de l'électronique.
Le baryton de Daunik Lazro rugit dans les mêmes rues que les manifestants interceptés par les machines.
Le froissement métallique saisi par le micro de Carole Rieussec pourrait jaillir du cadre du piano.
On ne sait plus à qui attribuer ces feulements organiques, ces accents cuivrés ou la majesté symphonique de ces accords étirés comme le vent dans les tuyaux d'un orgue.
Alors on s'abstrait de ces vains repérages pour s'abandonner au seul plaisir d'une étrange proximité.
La tendresse se fait rare par les temps qui courent…
En d'autres termes, il faut être sacrément culoté pour oser un tel intitulé !
A moins, peut-être, que cette unité attentive à l'identité suggère une forme de respect capable de réchauffer l'âme quand la différence est à ce point malmenée qu'il faut intégrer un modèle si l'on veut subsister.
C'est ce que nous révèlent ce cuivre incandescent, le train furieux de l'électronique, la course effrénée des doigts sur le clavier et les manifestants qui battent le pavé : quand la violence est au pouvoir, c'est la tendresse qui descend dans la rue.
Joël Pagier
in Revue & Corrigée n° 140
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Sophie Agnel/ Kristoff K. Roll/ Daunik Lazro Quartet un peu tendre (FR-CD 63).
Sophie Agnel : piano, Daunik Lazro : saxophone baryton et Carole Rieussec & J-Kristoff Camps (sous le nom de Kristoff K.Roll) - instruments électroacoustiques.
Enregistré dans deux lieux différents en France - décembre 2020 (piste 1), novembre 2021 (piste 2).
72 minutes au total.
Pour écouter Quartet, il convient de commencer par un examen attentif de la pochette de l'album, et surtout des deux vastes tables sur lesquelles roulent les instruments électro-acoustiques du duo, Kristoff K., des objets usuels, des instruments acoustiques, des ordinateurs portables et des câbles. Le piano et le saxophone baryton complètent cette infinité de possibilités sonores. Les artistes nous servent deux longues histoires qui semblent être des improvisations ... bien planifiées. Chacune d'entre elles possède une dramaturgie distincte - la première semble être une contemplation théâtrale avec une voix off étudiée, la seconde un manifeste politique nerveux, où l'action succède à l'action, et où un chœur de manifestants échantillonné ajoute de manière répétée un contenu (peut-être) important. Mais avant tout, concentrons-nous sur les sons musicaux, qui forment un cosmos infini tout au long des soixante-dix minutes et plus de l'album.
La performance commence par la voix d'une voix off, autour de laquelle règnent des parcelles d'acoustique et un murmure polyrythmique provenant de tables remplies de merveilles sonores. La narration, bien que se déroulant à un rythme loin d'être majestueux, semble pleine d'événements - le travail silencieux d'un piano préparé et d'un baryton, un filet d'électroacoustique déroutant et intriguant et des voix, masculines et féminines. L'absence d'évidence de cette improvisation contrôlée n'incite pas à situer l'action du quatuor dans un cadre esthétique. La narration semble totalement maîtrisée, même si, à plusieurs reprises, des phonèmes arrivent et nous surprennent. D'un côté, il y a une certaine retenue dramatique - après tout, il vaut mieux riffer moins que surjouer une phrase ; de l'autre, il y a un accord pour des touches de bravade, surtout de la part du duo d'échantillonnage. Les deux instruments acoustiques jouent bien dans ce melting-pot d'événements. Ils ne poussent pas l'émotion, ils sont exactement là où ils doivent être pour maintenir l'émotion de l'histoire. Le chroniqueur ne peut s'empêcher de noter des moments particulièrement intéressants dans l'histoire, qui dure un peu plus de deux quarts d'heure. À la 9e minute, nous entendons un passage intéressant de pulsations de synthétiseur de basse, vers la 17e minute, de beaux bourdons de saxophone recouverts de poussière électroacoustique, et peu après, une courte phase post-acoustique réalisée uniquement à partir des tables. À partir de la 24e minute, en revanche, le quatuor tombe dans un sommeil post-mélodique, faisant une promenade somnambulique dans la nature sauvage du son. Dans les dernières minutes de l'histoire, la mélodie Love de Cotrane est prise dans un enchevêtrement électroacoustique. Son final s'avère être un point culminant très compulsif, après lequel l'ambient meurt pour de bon.
La deuxième histoire dure plus de 40 minutes, mais commence dans le calme de la phonation ambiante, des voix d'adultes et d'enfants, des murmures, des conversations chargées d'émotion, peut-être menées sur des sujets importants. Les sons des instruments vivants semblent rester à l'écart, figés face aux phrases échantillonnées de la réalité inconnue de la rue. On a l'impression que certaines phrases de saxophone et de piano ont été traitées électroniquement. Après la septième minute, des incidents plus importants commencent à apparaître dans la structure de l'histoire et l'ensemble prend une tournure dramatique. D'un côté, des mélodies de synthé, de l'autre, des phrases saccadées et brisées d'instruments acoustiques, des accents de percussion et des plages de synthétiseur de basse. L'histoire ondule, mais se refroidit rarement au niveau d'un silence ronronnant. Les artistes se chargent des émotions, en nous donnant constamment les sons d'une manifestation de rue - cris, grincements, conversations bruyantes. Vers 15 minutes, le saxophoniste devient plus actif. Ici, il pare les taches de phoniques variées. Les sons intérieurs de piano et les taches colorées d'ambiance ne manquent pas. À la vingtième minute, nous entrons dans un tourbillon de râles et de murmures électroacoustiques, auxquels s'ajoute un flux debaryton dansant. D'un côté, le chant des cuivres, de l'autre, la réalité inquiétante de l'extérieur de la fenêtre. L'histoire grimpe jusqu'au sommet, puis s'éteint dans le silence. Et ainsi de suite presque jusqu'à la fin - l'histoire semble se diviser en épisodes marqués par de courtes périodes de froid. Là encore, beaucoup repose sur les épaules du saxophoniste, qui, vers la trentième minute, amène le récit à un point d'ébullition proche du free jazz. Tout hurle, palpite, suinte du rythme intérieur, jusqu'à mourir dans un flot d'eau... qui coule. Le dernier épisode est encore plus émouvant : les couches synthétiques et acoustiques atteignent leur paroxysme. En outre, des phrases verbales échantillonnées sont synthétisées et se transforment en une bande de glitchs électroniques auditivement aigus. Le saxophone et le piano cherchent des phrases dignes de porter le bagage de l'émotion, moribondes dans les convulsions, tandis que le synthé et le post-acoustique meurent tranquillement, figés dans un sentiment de résignation. Une poignée de respirations et de sifflements humains couronnent l'œuvre. On aimerait savoir quel sort a été réservé aux manifestants assoiffés de sang.
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Label / Distribution : Fou Records
Le bourdonnement émis par le saxophone baryton défie les tumultes vocaux générés par les dispositifs électro-acoustiques. Tendre ou détendre, comme s’il s’agissait de régler la peau d’une timbale, ici Daunik Lazro diffuse ses phrasés accolés au hurlements produits par les machines. « Au départ c’est une photo », enregistré au Carreau du Temple à Paris pour l’émission À l’improviste d’Anne Montaron se dévoile et donne à entendre des synchronisations éphémères entre Carole Rieussec et J-Kristoff Camps. Seules les manipulations des cordes du piano par Sophie Agnel déploient des cellules rythmiques qui tendent à souligner les timbres préexistants. L’échantillonnage génère là des vocaux enfantins accolés à une implosion sonore dynamique, par la suite la rapidité avec laquelle les déversements s’exécutent avec les effets électroniques étonnent.
Différents passages entre des spirales aériennes et une profondeur spectrale annoncent splendidement le phrasé de Daunik Lazro, l’artefact conjugué entre les musicien·ne·s prend corps. Le lien commun qui se dessine entre les notes égrenées par la pianiste et le chant altéré du saxophoniste aboutissent à l’exaltation de cette expérimentation.
De nombreux signaux émis par les dispositifs électro-acoustiques forment des interactions fébriles. La montée en puissance se veut progressive, permettant au piano de répandre quelques notes. La dislocation d’une jungle sonore se déverse par l’intermédiaire de l’assemblage électronique dans la partition de « L’hiver sera chaud », enregistré à Saint-Nazaire à l’invitation de Brigitte Lallier-Maisonneuve. La pièce, mue à 21 minutes par l’expressivité du saxophone lancinant et l’interactivité entre les instrumentistes, s’énonce plus fortement avec une libération spontanée à 29 minutes.
Les différents schémas sonores diffusés dans ces deux enregistrements distincts, à la fois composés et improvisés par le quartet, donnent naissance à d’intenses transformations de matériaux et à une expressivité fusionnelle délectable.
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Daunik Lazro, Kristoff K Roll, Sophie Agnel: Quartet Un Peu Tendre |
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" Un Peu Tendre" might be the most misleading album title of the year. What at first glance promises a gentle, perhaps even tender exploration of sound, quickly reveals itself as a ferocious assault on conventional musicality. It’s the kind of record that dares you to listen, dares you to find the beauty amidst the chaos, and laughs in your face if you think you've figured it out. The album features a lineup of avant-garde veterans: Daunik Lazro on baritone saxophone, Sophie Agnel on piano, and the duo Kristoff K. Roll (Carole Rieussec and J-Kristoff Camps) handling electro-acoustic devices. If you’re familiar with these names, you already know that you’re not in for a smooth ride. Lazro, a stalwart of the French free jazz scene, brings his usual brand of bracing, guttural saxophone work that feels as if it’s tearing at the very fabric of sound itself. Agnel, on the other hand, isn’t content to simply "play" the piano — she interrogates it, manipulates it, and ultimately bends it to her will. Meanwhile, Kristoff K. Roll weave a tapestry of unpredictable, often unnerving sounds that challenge your very notion of what constitutes music. The opening track, “Au Départ C’est Une Photo”, is a sprawling 31-minute odyssey that defies easy categorization. It begins with an eerie quietude—Agnel’s piano notes scatter like raindrops on a tin roof, while Lazro’s saxophone hums ominously in the background. Just when you think you’ve settled into a groove, the electro-acoustic elements creep in, turning the serene into something profoundly unsettling. It’s as if the musicians are constantly at odds with each other, each one vying for control, yet somehow creating a whole that is greater than the sum of its parts. The second piece, “L’Hiver Sera Chaud”, clocks in at just under 41 minutes and is no less demanding. This is the sound of winter as imagined by a mind teetering on the brink—bleak, cold, but with the occasional burst of unexpected warmth. Lazro’s saxophone work here is especially notable; he conjures sounds that range from the abrasive to the plaintive, all while Agnel’s piano provides a counterpoint that is as dissonant as it is compelling. The electro-acoustic elements by Kristoff K Roll, meanwhile, feel less like an accompaniment and more like an omnipresent force, shaping the entire listening experience in ways that are both subtle and overt. To say this album isn’t for everyone is an understatement. This is music that demands your full attention, and even then, it’s likely to leave you feeling disoriented and perhaps a little uneasy. But for those willing to engage with it on its own terms, "Quartet Un Peu Tendre" offers a deeply rewarding experience. It’s the musical equivalent of staring into the void—what you find there is entirely up to you. Comparisons to other avant-garde stalwarts like Anthony Braxton or the electro-acoustic explorations of Luc Ferrari are inevitable, but "Quartet Un Peu Tendre" carves out its own niche in the experimental landscape. It’s an album that, much like the artists involved, refuses to be pigeonholed, constantly shifting and evolving with each listen. Just when you think you’ve got it figured out, it throws another curveball your way, challenging your preconceptions and forcing you to reassess what you thought you knew about music. In a world where much of what passes for experimental music feels like it’s trying too hard to be different, "Quartet Un Peu Tendre" feels refreshingly genuine in its disregard for convention. It’s not trying to be difficult; it just is. And that, perhaps, is what makes it so compelling. So, is "Quartet Un Peu Tendre" an easy listen? Absolutely not. But is it worth your time? If you’re willing to dive deep into the world of avant-garde improvisation and let go of your expectations, the answer is a resounding yes. Just don’t say I didn’t warn you. |
"Quartet Un Peu Tendre" est peut-être le titre d'album le plus trompeur de l'année. Ce qui, à première vue, promet être une exploration douce, peut-être même tendre du son, se révèle rapidement un assaut féroce contre la musicalité conventionnelle. C'est le genre de disque qui vous met votre écoute au défi, qui vous met au défi de trouver la beauté au milieu du chaos, et qui vous rit au nez si vous pensiez l'avoir compris. |
Daunik Lazro, Kristoff K Roll, Sophie Agnel: Quartet Un Peu Tendre (FR-CD 63) By Andrzej Nowak Pologne, mardi 9 juillet 2024
Sophie Agnel : piano, Daunik Lazro : saxophone baryton, et Carole Rieussec & J-Kristoff Camps (sous le nom de Kristoff K.Roll) : instruments électroacoustiques
Enregistré dans deux lieux différents en France - décembre 2020 (piste 1), novembre 2021 (piste 2). 72 minutes au total Label: Fou |
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Ods?uch Kwartetu warto rozpocz?? od dok?adnej lustracji ok?adki albumu, a szczególnie dwóch rozleg?ych sto?ów, na których posadowione zosta?o elektroakustyczne instrumentarium, jakim operuje duet o nazwie w?asnej Kristoff K.Roll – przedmioty codziennego u?ytku, akustyczne instrumenty, laptopy i kable. Ów bezkres d?wi?kowych mo?liwo?ci uzupe?niaj? fortepian i saksofon barytonowy. Arty?ci serwuj? nam dwie d?ugie opowie?ci, które zdaj? si? by? dobrze zaplanowan? … improwizacj?. Ka?da z nich ma odr?bn? dramaturgi? - ta pierwsza sprawia wra?enie teatralnej kontemplacji z wystudiowanym g?osem lektora, ta druga nerwowego manifestu politycznego, gdzie akcja goni akcj?, a wysamplowany chór protestuj?cych raz za razem dosy?a wa?ne (by? mo?e) tre?ci. Nade wszystko skupmy si? jednak na d?wi?kach muzycznych, a tych w trakcie ponad siedemdziesi?ciu minut albumu odnajdujemy nieko?cz?cy si? kosmos. Spektakl rozpoczyna g?os lektora, wokó? którego panosz? si? plamy akustyki i polirytmiczny szmer ze sto?ów pe?nych d?wi?kowych cudów. Narracja, cho? toczy si? w dalece majestatycznym tempie, zdaje si? by? pe?na wydarze? - spokojna praca preparowanego piana i barytonu, struga zagadkowej, intryguj?cej elektroakustyki i glosy, zarówno m?skie, jak i damskie. Ponadgatunkowa nieoczywisto?? tej sterowanej improwizacji nie sk?ania do umieszczania akcji kwartetu w jakichkolwiek ramach estetycznych. Narracja wydaje si? w pe?ni kontrolowana, cho? raz za razem docieraj? do nas fonie, które zaskakuj?. Z jednej strony pewna dramaturgiczna wstrzemi??liwo?? – wszak lepiej zgra? mniej ni? przegada? fraz?, z drugiej - zgoda na akcenty brawury, zw?aszcza ze strony duetu sampluj?cego. ?wietnie w tym tyglu zdarze? odnajduj? si? oba instrumenty akustyczne. Nie forsuj? emocji, s? dok?adnie tam, gdzie by? powinny, by emocje opowiadania utrzymywa?y wysoki poziom. Recenzentowi nie pozostaje nic innego, jak odnotowywa? szczególnie ciekawe momenty opowie?ci, która trwa troch? ponad dwa kwadranse. W 9 minucie s?yszymy ciekawy passus basowych, syntetycznych pulsacji, w okolicach 17 minuty pi?kne, saksofonowe drony oblepione elektroakustycznym py?em, a nied?ugo potem krótk? faz? post-akustyki realizowan? wy??cznie ze sto?ów. Z kolei od 24 minuty kwartet wpada w post-melodyjny sen, odbywa somnambuliczny spacer po bezdro?ach d?wi?ków. Ostatnie kilka minut opowie?ci, to melodia Coltrane’a Love, która zostaje wpl?tana w sie? elektroakustycznych zasieków. Jej fina? okazuje si? by? dalece kompulsywn? kulminacj?, po której ambient umiera jako ostatni. |
Cela vaut la peine de commencer l'écoute de ce Quartet par un examen attentif de la pochette de l'album, en particulier des deux vastes tables sur lesquelles est placé l'instrumentation électroacoustique utilisée par le duo Kristoff K.Roll : objets du quotidien, instruments acoustiques, ordinateurs portables et câbles. Le piano et le saxophone baryton complètent cette infinité de possibles sonores. La première pièce commence par la voix d’un narrateur, ponctuée d’éclats d'acoustique et d’un murmure polyrythmique provenant des tables aux merveilles sonores. La musique, bien que se développant à un rythme tranquille, est riche d'événements : le travail calme d'un piano préparé et d'un baryton, un flux d'électroacoustique, et des voix, mystérieuses et intrigantes, tant masculines que féminines. L'absence d'évidence de cette improvisation transgenre ne permet pas de situer ce quartet dans un cadre esthétique répertorié. La narration est totalement maîtrisée, même si, à plusieurs reprises, on entend des sons qui nous surprennent. D'un côté, il y a une certaine retenue dramatique - après tout, il vaut mieux jouer moins que surjouer une phrase ; de l'autre, on accepte des touches d’audace, surtout de la part du duo électroacoustique. Les deux instruments acoustiques s’intègrent parfaitement dans ce melting-pot d’événements sonores. Ils ne surjouent pas l'émotion, ils sont exactement là où ils doivent être pour maintenir le fil émotionnel de l'histoire. Le chroniqueur ne peut s'empêcher de noter des moments particulièrement intéressants de cette pièce, qui dure un peu plus d’une demi-heure. À la 9e minute, nous entendons un passage intéressant de pulsations basses de synthétiseur, vers la 17e minute, de belles tenues de saxophone noyées dans une poussière électroacoustique, et peu après, une courte phrase « post-acoustique » * réalisée par « l’instrumentarium des tables ».À partir de la 24e minute, en revanche, en revanche, le quartet tombe dans une rêverie post-mélodique **, se promenant comme un somnambule dans la nature sauvage du son. Dans les dernières minutes de l'histoire, le thème Love de John Coltrane s'emmêle dans une toile d'araignée électroacoustique. Son final s'avère être un point culminant très compulsif, après lequel l'ambiance meurt pour de bon. d'après Andrzej Nowak traduction Kristoff K. NdT |
Agnel/Kristoff K.Roll/Lazro : Quartet Un Peu Tendre (FR-CD 63)Jérusalem, Eyal Hareuveni, 30 Agosto 2024Percorsi Musicali https://www.percorsimusicali.eu/ |
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Quartet un peu Tendre documents an odd quartet of Lazro on baritone sax, pianist Sophie Agnel and the duo of noise and sound artists Kristoff K Roll - Carole Rieussec and J-Kristoff Camps, both on electronic devices, performing live and in studio in 2020 and 2021. Lazro worked before with Agnel (in a duo, trio and quartet formats) and with Kristoff K Roll (the DVD Horizon Vertical, Hors Oeil Editions, 2011). The two extended, edited free improvisations feature Agnel exhausting the whole piano - keyboard, strings, and wooden body - and offering sparse melodic and poetic veins or using the instrument as an imaginative percussive sound generator. Lazro wraps her clever touches with patient, ethereal vibrations and Kristoff K Roll introduces tense and mysterious sampled voices and shouts, radio art and dark ambient sounds. The first piece, the 31-minute “au départ c'est une photo” sketches a cinematic yet free-associative, dreamy and often nightmarish texture that only gets darker and more melancholic as it develops and Lazro’s contemplative baritone sax wails take the lead. The second piece, the 41-minute “L'hiver sera chaud” (Winter will be warm), begins with protest chants, beautifully transformed into a strange but stimulating, episodic texture that constantly shifts from Agnel’s pounding the piano keys and caressing its strings to Lazro’s spiraling sax wails and soft cries and Kristoff K Roll’s inspired radio art and noisy interventions, and keeps referring to the protest chants as a recurring motif. On both pieces, you are simply drawn into the suggestive and highly immersive sonic journeys of this resourceful quartet and its rich and imaginative universes. |
Le CD Quartet un peu Tendre est composé d’enregistrements de concert de 2020 et2021 d’un étrange quatuor composé de Daunik Lazro au saxophone baryton, de la pianiste Sophie Agnel et du duo d'artistes bruitistes et sonores Kristoff K.Roll - Carole Rieussec et J-Kristoff Camps, tous deux sur des dispositifs électroacoustiques. Daunik Lazro a déjà travaillé avec Sophie Agnel (en duo, trio et quartet) et avec Kristoff K.Roll. Les deux longues improvisations libres présentées montrent Sophie Agnel explorant tout le piano - clavier, cordes et bois de la caisse - et qui ouvre des veines mélodiques et poétiques éparses, ou utilisant l'instrument comme un astucieux générateur de sons percussifs. Patiemment, Daunik Lazro l’enveloppe de ses habiles touches de vibrations éthérées et Kristoff K Roll introduit des voix et des cris échantillonnés, tendus et mystérieux, des ambiances provenant du réel et des atmosphères sonores sombres. La première pièce, « Au départ c'est une photo », d'une durée de 31 minutes, esquisse une expérience cinématographique de libre association, onirique et souvent cauchemardesque, qui ne fait que s'assombrir et devenir plus mélancolique au fur et à mesure qu'elle se développe et que les lamentations contemplatives du saxophone baryton de Daunik Lazro prennent le dessus. La seconde pièce, « L'hiver sera chaud », d'une durée de 41 minutes, commence par des chants de manifestation, magnifiquement transformés en une texture saccadée, étrange mais exaltante, qui passe constamment du martèlement des touches du piano et des caresses sur les cordes par Sophie Agnel aux volutes de hurlements et cris doux du saxophone de Daunik Lazro, ainsi qu'à l'art radiophonique inspiré et autres interventions bruyantes des Kristoff K.Roll, qui continuent de faire référence aux slogans de manifestation comme un motif récurrent. Sur les deux morceaux, on est tout simplement entraîné dans les voyages sonores envoutants et très immersifs de ce quartet inventif et de ses somptueux univers imaginaires.
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