At the End of Last Century

Daunik Lazro : alto & baryton saxes
Paul Lovens :
drums, cymbals & gongs, musical saw
Annick Nozati :
voix
Fred Van Hove:
piano, accordion

 

extraits :

Facing the Facts
Consequences


 


Daunik Lazro Paul Lovens Annick Nozati Fred Van Hove
Résumé of a Century

FOU Records FR – CD 65

Fou a encore frappé. Jean-Marc Foussat a tellement proposé ses services bénévolement pour collecter toutes ces musiques improvisées libres dans ses moments les plus éclatés, déroutants et submergés d’émotions que sa litanie devient infinie ! Résumé of A Century (in Memoriam Annick et Fred). Les musiciens : le parcours du pianiste anversois Fred Van Hove est tellement particulier (et finalement peu connu des cognoscenti) qu’il semble être, à mon avis, un symbole d’ouverture, une qualité intrinsèque à ce « genre de pratique musicale. Vers le milieu des années 80, il entame une riche collaboration avec la chanteuse actrice « habitée » et force de la nature aussi improbable pour un tel « intellectuel » du piano, instrument dont il maîtrise toutes les couleurs possibles au-delà de l’entendement humain. Si Fred nous a quitté au crépuscule d’une vie intensément remplie, Annick Nozati, une personnalité peu commune nous a quitté trop tôt . Elle incarnait la violence des sentiments les plus entiers, une furie délirante capable de crier et de moduler sa voix de manière irrépressible, une vraie révolutionnaire au plus profond d’elle-même. Il y eut au plus fort de l’explosion improvisée libre, une sororité de vocalistes aussi audacieuses et créatives les unes que les autres (Julie, Maggie, Jeanne Lee, Dorothea, Tamia, Ute bien plus tard), mais elle était la plus furieuse, la plus improbable, la plus déraisonnable, la plus intensément populaire, la plus dingue, la « folie » scénique étant une qualité incontournable dans ce milieu des improvisateurs , dixit Van Hove et cie. Et cette capacité à murmurer, à mordre à éructer ou incarner un rapide instant de grandiloquence ou un filet de voix – mélopée suspendue dans l’espace Alors quand vous avez un Daunik Lazro et son sax alto halluciné , son baryton bourdonnant en boucles et son écoute attentive l’extraordinaire lutin des percussions libérées qu’était Paul Lovens, vous pouviez être certain que vous alliez être transporté dans un autre monde. Deux longues improvisations centrées sur la chanteuse (on lui doit bien ça) : Facing the Facts 29 :57 et Consequences 20 :58 avec des séquences à l’accordéon de Fred pour fluidifier le flux et ouvrir les débats. On est en 1999 comme pour clôturer le siècle qui vit se développer cette utopie musicale. Impossible de définir cette musique en constante mutation faite de riens, d’idées lumineuses, de moments d’attente et d’écoute, d’embardées, de cris et de méditations. La baryton mordant et borborygmique de Daunik, la scie musicale sifflante de Paul, la voix irréelle d’Annick au bord du silence ou ses appels répétés, ses chamailleries exacerbées…les perles de Fred… tous ces échanges. les cataclysmes retenus et contrôlés aux percussions… Des portions inespérées de recherches, de trouvailles, de métamorphoses qui se concrétisent en se concentrant dans la deuxième partie, assez étonnante où le groupe fait corps l’une et l’un à l’autre et tous ensemble de manière joyeusement ou dramatiquement anarchique. Merci, Jean-Marc d’avoir exhumé ces instants essentiels qui échappent à l’échelle des valeurs esthétiques parce qu’ils incarnent le sens de la vraie vie.